Hello hello !
Bienvenue dans cette 62e édition de Toutes Puissantes ! Nous sommes 3564. Que tu sois une lectrice assidue ou une nouvelle abonnée, merci d’être là. C’est un plaisir de partager cet espace avec vous toutes.
Cette semaine j’ai eu le plaisir d’intervenir lors de l’afterwork Les Champions de la Mixité, organisé par Numeum et IT au Féminin, sur le sujet “Comment garder les talents féminins dans la Tech en 2025”. J’ai adoré retrouver d’autres personnes engagées pour plus de mixité au travail.
J’y ai partagé de manière très honnête une partie de mon parcours de femme dans la tech en toute vulnérabilité, très éloigné de ce qui se fait en général. J’ai été très touchée des retours, et j’ai hâte de remettre ça plus souvent. Contactez-moi pour organiser une conférence chez vous !
La semaine prochaine je retourne à Paris, pour courir avec le Club de Pouvoir, pour la cause des femmes… Enfin ça c’est le but, mais nous n’aurons le droit de prendre le départ que si nous arrivons à lever 1000€. Et c’est vraiment pas gagné : pour le moment, nous n’avons même pas levé la moitié. Pour aider la Fondation des Femmes, et nous permettre de prendre le départ, c’est par ici.
Chaque euro compte. Je sais que je peux compter sur vous !
Et maintenant, place au sujet du jour.
Si tu me découvres, voici les liens importants pour apprendre à me connaître et aller plus loin :
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Au programme
Y a-t-il des questions bêtes ?
Le contexte
2 stratégies pour faire face
Guide pratique
Conclusion
1. Y a-t-il des questions bêtes ?
“Il n’y a pas de question bête.”
Sauf quand vous êtes une femme.
En effet, poser une question en réunion, quand vous êtes une femme, a fortiori dans un environnement masculin, est souvent une épreuve en soi.
- Réfléchir intérieurement à la pertinence de nos propos, à si on a tous les éléments de contexte ou s'il nous manque des informations.
- Trouver la bonne formulation, pour ne paraître ni trop agressive, ni demeurée.
- Trouver le bon moment, sauf que comme la parole est généralement monopolisée, ça veut forcément dire qu'il va falloir couper quelqu'un.
Et enfin, si le sujet s'y prête encore (parce qu'on est peut-être passé à un autre dossier entre temps), "oser" se lancer.
Le coeur qui bat la chamade, les mains moites.
Alors on y va souvent à renforts de conditionnel, de "peut-être" et d'excuses, comme autant de précautions pour ne pas brusquer.
Comme si exister dans cet espace était déjà une trop grande faveur.
Aujourd’hui, c’est de cela qu’il est question dans cette newsletter.
Pourquoi c’est plus difficile, quand on est une femme ?
Existe-t-il des techniques pour “faciliter” les prises de parole ?
Quels sont les dos & donts sur les tournures ou mots à utiliser ?
Comme amuse-bouche, dans l'épisode de podcast du jour, je partage mes 5 stratégies pour poser une question sans s'excuser, en 6 minutes 30.
Un épisode pratique comme on les aime !
2. Le contexte
Si c’est si difficile, pour une femme, de s’exprimer, ou de poser une question, ce n’est pas à cause de ses deux chromosomes X, mais à cause d’un autre phénomène.
Des recherches sur le “tokenisme” et la masse critique (que l’on doit à Rosabeth Moss Kanter) ont mis en évidence, que dans un contexte où les femmes représentent moins de 30% des participants, un phénomène systémique s'installe. Cette minorité numérique crée une dynamique où chaque intervention féminine est perçue non comme celle d'un individu, mais comme représentative de toutes les femmes.
La pression est considérable : une erreur n'est pas personnelle mais confirme les stéréotypes sur "l’incompétence féminine", tandis qu'une réussite est souvent attribuée à une exception ("elle n'est pas comme les autres femmes").
Les recherches montrent qu'un seuil critique de 40% est nécessaire pour amorcer un changement significatif. En dessous, les femmes subissent le poids de la "tokenisation" - elles deviennent des symboles de diversité plutôt que des collaboratrices à part entière, leurs interventions sont plus souvent interrompues, leurs idées moins souvent retenues ou attribuées à des collègues masculins.
Cette réalité mathématique et sociologique explique pourquoi, même les plus compétentes et les plus “audacieuses”, hésitent avant de prendre la parole, conscientes que leur intervention sera jugée à travers le prisme du genre plutôt que sur son contenu.
La prochaine fois qu’un homme vous conseillera avec bienveillance “d’oser davantage”, vous saurez maintenant quoi répondre ;-)
3. Deux stratégies pour faire face
Avant même d’en venir aux mots employés, j’aimerais partager 2 stratégies à mettre en place pour faciliter la prise de parole, et l’écoute dans un contexte où l’on est en minorité.
Stratégie 1 - L’exposition progressive
L’idée ici, c’est de ne pas se lancer immédiatement dans le fait de poser des questions, mais plutôt de s’habituer, et d’habituer l’audience, de manière progressive, à nos prises de parole.
Pour cela, je vous conseille de vous fixer un objectif de prises de parole par réunion. Commencer par au moins une intervention “simple”, et progresser.
Par ordre de difficulté, voici des idées d’interventions :
Niveau 1 : marquer son accord avec l’idée d’un homme “dominant”.
Exemple : “Je suis tout à fait d’accord, c’est la bonne façon de faire parce que … (données qui confirment)”
Niveau 2 : marquer son accord avec l’idée d’une autre femme, pour lui donner de l’écho. (nous y reviendrons dans la 2e technique)
Exemple : “Comme l’a dit Sarah, c’est très judicieux de … parce que …”
Niveau 3 : poser une question (nous y reviendrons dans le guide pratique ci-dessous)
Niveau 4 : préparez en amont les 2-3 messages clés que vous souhaitez faire passer durant la réunion, et embarquez des alliés qui rebondiront pour donner de l’écho à vos propos.
Le tip de Kaouthar : Je l’ai appris à mes dépens, dans 90% des cas, c’est contre-productif de marquer un fort désaccord lors d’une réunion (ça peut même devenir un “career limiting move”, d’autant plus face à des décisionnaires
Pourquoi ?
1. Ça nous expose - et les autres savent alors où nous situer, donc ça nous affaiblit potentiellement.
2. Ça peut heurter des égos.
Cela ne veut pas dire qu’il faut acquiescer à tout ce que dit notre hiérarchie. Ça veut juste dire qu’il faut être plus stratège en passant par exemple par des questions, ou, si l’environnement ne s’y prête pas, en déférant à des échanges entre 4 yeux.
Stratégie 2 - L’amplification
C’est la technique qu’ont mise en place les femmes de l’administration Obama. L’idée est simple : se mettre d’accord en amont, avec d’autres alliés (femmes ou hommes), pour répéter ce que les uns et les autres disent, en citant explicitement l’auteur.e.
L’histoire raconte qu’Obama a commencé à solliciter davantage les femmes lors des réunions après l'adoption de cette stratégie.
4. Guide pratique
Voici une liste de 15 phrases classiques pour poser des questions, et leurs alternatives.
"Désolée de vous déranger, mais j'aurais une question..."
→ Alternative : "J'ai une question importante sur ce point."
2. "C'est peut-être une question idiote, mais..."
→ Alternative assertive : "J'aimerais clarifier un point."
3. "Je ne suis pas experte dans ce domaine, mais..."
→ Alternative assertive : "De mon point de vue..."
4. "Je voulais juste demander si..."
→ Alternative assertive : "Je souhaite confirmer si..."
5. "Est-ce que je pourrais juste poser une petite question ?"
→ Alternative assertive : "J'ai une question à poser."
6. "Je me demandais peut-être si..."
→ Alternative assertive : "Je propose que nous considérions..."
7. "Pardonnez-moi de revenir sur ce sujet, mais..."
→ Alternative assertive : "Concernant ce sujet, j'aimerais approfondir..."
8. "Pardonnez-moi d'insister, mais..."
→ Alternative assertive : "J'insiste sur ce point car il est crucial."
9. "Je ne veux pas prendre trop de temps, mais..."
→ Alternative assertive : "Voici un point qui mérite notre attention."
10. "Je pense que... enfin, je ne sais pas si..."
→ Alternative assertive : "J’observe que..." :
Le tip de Kaouthar : Remplacer au maximum les verbes qui expriment une opinion par des verbes qui expriment des faits ou des observations.
11. "Est-ce que ça a du sens ce que je dis ?"
→ Alternative assertive : "Qu’en pensez-vous ?"
12. "Je ne suis pas certaine d'avoir bien compris, mais..."
→ Alternative assertive : "Je souhaite clarifier un point..."
13. "Ce n'est probablement pas pertinent, mais..."
→ Alternative assertive : "J'ai une observation à partager."
14. "J'ai peut-être mal compris, mais..."
→ Alternative assertive : "D'après ce que j'ai compris..."
15. Le cas particulier des désaccords :
"Je comprends que nous envisageons l'option A, mais que pensez-vous des risques suivants...?"
"Pourrait-on considérer l'approche B qui pourrait résoudre le problème différemment ?"
Cette technique vous permet d'introduire des idées différentes sans entrer dans la confrontation, tout en invitant à une réflexion collective.
5. Conclusion
Ce n’est pas vous le problème, et ce n’est pas dans votre tête. Ça ne veut pas dire que vous n’avez pas, à votre disposition, des leviers d’action pour vous exprimer, être écoutée, et évoluer, dans l’environnement qui est le vôtre.
Comme je le dis régulièrement, tout ça, c’est la théorie, et je suis bien consciente qu’en pratique, certains gestes, regards, voire certaines personnes, peuvent être (très) déstabilisantes, et empêcher de mettre en pratique ces bons conseils.
La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas une fatalité, vous pouvez reprogrammer votre cerveau pour vous rendre insensible à ces “triggers”, et choisir la posture que vous souhaitez avoir, dans les différentes situations de leadership de votre quotidien.
c’est mon métier de vous y accompagner.
Prêtes à incarner la leader que vous rêvez d’être ? Parlons-en lors d’un bilan offert :
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Si tu as lu jusqu’au bout, mets-moi un coeur au bas de ce post, ça me fera très plaisir.
Ca tombe à pic, justement défoncée aujourd'hui parce que je ne poserais pas assez de questions et que les questions que je pose serais hors-sujet... la douleur