Hello hello !
Bienvenue dans cette 44e édition de Toutes Puissantes ! Nous sommes 2393. Que tu sois une lectrice assidue ou une nouvelle abonnée, merci d’être là. C’est un plaisir de partager cet espace avec vous toutes.
Je viens de vivre un mois d’octobre absolument exaltant ! Le premier Séminaire du Club de Pouvoir a marqué l’aboutissement de mois de travail acharné (et quasi obsessionnel) d’Élise et moi, et aussi la rencontre des membres de la cohorte d’octobre en personne, dans un lieu intime et chaleureux à Paris. Les nouvelles membres qui rejoignent le Club ont adoré ce séminaire, et ont enclenché des changements dans la semaine qui a suivi !
Elles en parlent mieux que moi :
"Le programme était extrêmement bien structuré et dense, et je vois déjà des résultats concrets dans ma vie professionnelle. J'ai déjà pu renforcer mon réseau, et lors d'une réunion j'ai osé être incisive pour exiger certaines décisions.” (une membre directrice d’offre)
“J’ai A D O R É. J’appréhendais pour différentes raisons (concentration après 4 mois sans travailler, ai-je ma place?…) mais j’ai kiffé et j’en suis ressortie boostée pour ma reprise.” (une membre directrice Qualité, qui achève son congé mat et reprend la semaine prochaine : pensées à toi E !)
La prochaine cohorte du Club débute en janvier 2025. Pour recevoir toutes les informations en exclusivité et devenir une des nôtres, inscris-toi sur notre liste d’attente (ici), comme déjà plus de 600 femmes !
Aujourd’hui on redescend de ce nuage pour aborder un sujet qui a commencé à me travailler en 2014, il y a 10 ans déjà : comment faire des hommes nos alliés ?
C’est parti !
Si tu me découvres, voici les liens importants pour apprendre à me connaître et aller plus loin :
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Au programme
Story time
Pourquoi les hommes sont-ils peu engagés ?
L’importance de former des alliés masculins
Comment les hommes peuvent devenir des alliés actifs
3 stratégies gagnantes pour augmenter la participation des hommes aux événements sur l’égalité
Conclusion
1. Story time
« Je suis très heureuse d’être ici, mais c’est la dernière fois que je viens. »
Cette phrase date d’avril 2014.
Celle qui la prononce est une leader charismatique, keynote speaker lors du séminaire Women in Energy, à Londres.
C'est le premier séminaire pro dédié aux femmes auquel j'assiste. C’est aussi la première fois que je me sens aussi pleinement à ma place au travail, entourée d’autres femmes issues de STIM et évoluant dans un environnement masculin.
Dans le public nous sommes plusieurs centaines de femmes. Et une poignée d’hommes. Ça nous change !
Toustes suspendues à ses lèvres.
Suite à cette phrase, nous nous regardons, nous demandant s’il s’agit d’une accroche rhétorique ou si elle parle sérieusement.
Elle continue ainsi :
“Cela fait des années que je parle à ce genre d’événements. Chaque fois, c’est pareil : nous parlons, nous nous indignons, mais rien ne change. Il manque les décisionnaires à nos événements : il manque les hommes. Tant qu’ils ne seront pas présents autant que nous, le changement ne sera pas durable.”
Douche froide.
Ce que je voyais comme une étape cruciale vers la parité prenait soudain un autre sens. Cet espace en non-mixité que je croyais essentiel avait ses limites. Malgré la puissance de ces moments d’échange, ces événements ne suffiraient pas.
C’est ma révélation.
Cette leader nous offrait une vérité crue, qu’elle avait mis des années à observer et analyser : tant que les hommes resteront absents de nos combats pour l’égalité, ils n’avanceront pas.
Depuis ce jour, ces questions me travaillent :
Pourquoi les hommes sont-ils si peu nombreux à s’engager pour l’égalité ? Quels freins rencontrent-ils ?
Qu’est-ce qui motive certains hommes à s’engager ?
Comment pouvons-nous, en tant que femmes, inviter davantage d’hommes à devenir des alliés face aux idéologies masculinistes ?
Pour avancer sur ce sujet, j’ai eu le plaisir d’inviter ⏚ Sébastien Garcin 🤜🤛 ⏚, porte-parole de Men at Work, et activiste engagé contre les discriminations sexistes, racistes et homophobes, dans le podcast “Toutes Puissantes !”.
Dans cet épisode génial, Sébastien partage généreusement ses réflexions et ses conseils pour onboarder plus d’alliés masculins et construire un environnement de travail inclusif.
Pour vous donner envie, j’ai clarifié quelques points essentiels de notre conversation ci-dessous.
2. Pourquoi les hommes sont-ils peu engagés
Sébastien rappelle un constat frappant : le fossé entre la pensée féministe, qui a beaucoup avancé, et la majorité des hommes qui, par manque d’exposition et de prise de conscience, sont loin derrière.
Souvent, les hommes “gentils” – qu’il appelle le “ventre mou” – sont simplement dans une sorte d’ignorance passive qui les empêche de réaliser l’importance d’agir pour un environnement plus sûr et inclusif.
Il insiste sur la responsabilité de chaque homme face aux agissements de tous les hommes, surtout les plus problématiques :
“On a une forme de responsabilité. Ce n'est pas parce que c'est un autre qui viole que t'es pas responsable du fait qu’il se soit senti légitime pour violer et sur le fait que même si la femme victime portait plainte, certainement qu'il ne subirait aucune conséquence.
Il invite chaque homme à se demander :
ce qui, dans son comportement, fait que les hommes qui ont un comportement problématique vont arrêter de se sentir à l'aise.
ce qui, dans ce qu’il dit ou ne dit pas, fait que ces hommes vont continuer ou au contraire, arrêter de considérer que c’est acceptable de taper une femme, de la violer, de la harceler, ou de la pousser au suicide.
3. L’importance de former des alliés masculins
Sébastien pose un constat : lorsque les femmes parlent de sujets liés à l’égalité, elles ne sont pas toujours prises au sérieux par les hommes. Souvent, elles font face à des stéréotypes négatifs ou sont qualifiées de « trop émotives » ou d’« hystériques ».
Au contraire, les hommes sont moins remis en question et davantage écoutés, et en plus ça leur coûte moins d’énergie car ils ne sont pas engagés “dans leur chair”, quand ils s’expriment par exemple sur les violences sexuelles et sexistes.
Il y a donc un vrai enjeu stratégique à embarquer des hommes.
D’autant que ces hommes, pour peu qu’ils soient formés, par leurs prises de parole et leurs actions, peuvent non seulement changer le climat d'un collectif, mais en plus ils re-boostent le moral des femmes qui, moins écoutées et plus touchées personnellement, sont plus sujettes à la fatigue militante.
Comment faire concrètement pour les rallier ?
Sébastien recommande aux femmes de repérer des hommes qui montrent déjà un intérêt pour l’égalité, ou qui, par leur parcours personnel, sont plus ouverts à ces discussions. Ces hommes sont souvent les « traîtres » du système, prêts à soutenir une cause contre l'ordre masculin dominant.
Ces hommes peuvent à leur tour se former et rallier d’autres hommes, et le mouvement est lancé !
4. Comment les hommes peuvent devenir des alliés actifs
Pour les hommes qui ne savent pas par où commencer, Sébastien propose un chemin d’apprentissage et d’action en 3 étapes :
S’éduquer en se formant à la pensée féministe, en lisant ou en écoutant des podcasts. Il recommande par exemple les podcasts suivants, des références en la matière : Les Couilles sur la Table, Un podcast à Soi et Les Chroniques du Sexisme Ordinaire.
Demander aux femmes de son entourage (perso ou pro) si on a déjà eu des comportements problématiques, puis surtout écouter leurs réponses sans se défendre ni minimiser leur expérience. On va probablement se rendre compte qu’on en a eu, mais peut être qu'on ne savait pas. Il faut apprendre à prendre un feedback, pas nécessairement positif, sur un comportement (qui n'est pas nécessairement un feedback sur notre essence).
Accepter la colère des femmes. Plutôt que de penser “je ne suis pas le méchant, pourquoi être en colère contre moi ?”, accepter l’inconfort qu’on va ressentir, qui n’est qu’un “pet de lapin” par rapport à ce que subissent les femmes au quotidien.
5. 3 stratégies gagnantes pour augmenter la participation des hommes aux événements sur l’égalité
Retour à mon anecdote du début : comment faire pour que plus d’hommes se sentent concernés et assistent à ces événements qui pourraient être des prises de conscience pour eux ? Sébastien offre 3 stratégies
Méthode 1 : Business As Usual
Sébastien préconise de traiter l’égalité comme une question de business et d’inclure le sujet au sein d’événements qui ne parlent a priori pas de ça. Il cite par exemple une conférence professionnelle sur le tourisme où des sujets d’égalité avaient été inclus dans la programmation.
Méthode 2 : Le cheval de Troie
Là il s’agit de créer un événement ou une conférence où l’on va parler d’égalité, sans le dire. Sébastien cite une conférence qu’il a donnée lors d’un événement de Tech, et qu’il a appelée “La secret sauce pour réussir dans la Tech”. Ce titre a attiré un public où il y avait le même ratio H-F que dans le reste de l’événement, sans savoir que Sébastien allait y parler de sujets d’égalité : son expérience concrète pour arriver à la parité exacte dans sa startup et pour attirer et retenir les talents féminins. C’est un piège, mais un piège bienveillant : l’idée derrière n’est pas d’avoir un talk moralisateur, mais d’être intéressant et pragmatique. (Un peu comme faire manger des légumes aux enfants)
Méthode 3 : Inclure les sujets de sexualité
Parce que ça attire le public masculin… Plus difficile à appliquer dans un cadre professionnel, cette approche est plus adaptée à un cadre militant, comme il en a fait l’expérience avec le cabaret du Chahut.
6. Conclusion
Sébastien a conclu par un message adressé à tous les silencieux du ventre mou, en ces termes :
Même si il y a beaucoup de messages qui peuvent leur faire penser qu'ils n'ont pas de place dans ce combat, ce n'est pas vrai. Ils ont une place. Ce n'est pas la place dont ils ont l'habitude, en super visibilité, comme des chevaliers blancs qui vont sauver les femmes. C'est une place, peut être plus discrète, plus opérationnelle. Et tous les hommes que je connais qui ont commencé à prendre cette place disent que c'est une expérience extrêmement enrichissante.
Finalement, c'est comme un supporteur de foot. Qu'est ce qu’il fait un supporteur de foot ? Il supporte son équipe. Il ne va pas sur le terrain pour marquer des buts. Jamais il n'a pas la capacité, il sait pas faire. Il se ferait éclater, mais il affiche les couleurs. Il file du pognon à son équipe. Dès que quelqu'un dit du mal de son équipe, il va contre-attaquer.
Il va tout connaître. Du passé de l'équipe de qui était sélectionné dans quel match, quel score il y a eu, etc. Mais en fait être un allié, c'est exactement la même chose. C'est se documenter sur le féministe, savoir ce qu'est ce qui est en jeu. Qu'est ce qui est à venir ? Quels sont les risques. Et c'est soutenir, supporter, donner de l'argent et tous les supporteurs de foot vont te dire qu'ils éprouvent un grand plaisir à supporter leur équipe et beaucoup de joie ou beaucoup de tristesse quand elle gagne et perd.
C'est exactement pareil quand on s'engage auprès des femmes dans la lutte pour l'égalité.
J’espère que tu as gagné des clés pour aller transformer ton conjoint, tes amis, frères, pères, collaborateurs, en nos supporters de foot ! N’hésite pas à leur transférer ce numéro, ou plutôt l’épisode de podcast où c’est Sébastien, un homme, qui leur expliquera, et qu’ils écouteront davantage que moi ;-)
Dis-moi en commentaire si tu as aimé ce format, et quelle clé tu as retenue et emportée dans ta besace.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Si tu as lu jusqu’au bout, mets-moi un coeur au bas de ce numéro, ça me fera très plaisir.
En tant que mec, je confirme tout cela.
J'ajouterais que les deux points de blocage c'est le manque de prise de conscience et le sentiment de ne pas savoir quoi faire en pratique.
L'éducation ne suffit pas. Je lisais de la littérature féministe quand j'étais ado. Mais si avoir les bonnes idées suffisait le patriarcat serait par terre depuis longtemps. mon éducation et mon métier a fait que j'étais très peu socialisé avec des femmes. C'est quand il y a quelques années je me suis mis à être dans un groupe beaucoup plus féminin où on échangeait de manière crue des situations poignantes que tout a changé pour moi.
Sur l'autre aspect "je ne sais pas quoi faire", une bonne âme m'a débloqué en me disant simplement : quand une femme est en difficulté dans une discussion au boulot, même si tu ne comprends pas ce qu'elle dit, répète la même chose avec ton assurance masculine. Je me suis vite pris à ce jeu si simple. Effectivement ça ne me coûtait qu'une fraction de l'énergie de la femme qui s'époumonait pour être prise au sérieux. Et de voir le duettiste mâle changer d'attitude tout à coup jusque parceque c'était moi qui parlait, c'est spectaculaire. Donc les mecs, si vous ne savez pas quoi faire, commencez par là.
TLDR: on peut rapprocher ses valeurs de ses actes, c'est pas facile mais ca vaut le coup.
✊